L’automne dernier, nous avons piqué votre curiosité en vous parlant des avantages de l’interdisciplinarité au sein du bureau de projet. Ce mois-ci, nous avons eu envie de vous permettre d’avoir accès aux différents professionnels de notre équipe. Nous nous sommes donc entretenus avec Annie Bélisle-L’Anglais, cheffe de service – volet équipement et ingénieure biomédicale. Elle a accepté de nous en dire un peu plus sur cette discipline du génie qui demeure méconnue.
En quoi consiste le génie biomédical?
A.B.L. | L’ingénierie biomédicale est une discipline qui est née de la nécessité d’appliquer les connaissances et les compétences de personnes ayant une formation en génie au domaine biomédical. Autrement dit, l’ingénieur biomédical s’emploie à mettre la technologie au service de la santé.
Le génie biomédical n’est pas une discipline du génie traditionnel. En fait, c’est une branche multidisciplinaire qui réunit différentes spécialités de l’ingénierie et qui s’est développée au cours des dernières années.
Au bureau de projet du futur Hôpital de Vaudreuil-Soulanges, quel est le mandat des ingénieurs biomédicaux?
A.B.L. | Dans un projet de l’envergure de celui du futur Hôpital de Vaudreuil-Soulanges, le mandat et les tâches des ingénieurs biomédicaux sont appelés à évoluer dans le temps. C’est un contexte de travail hyper stimulant et où le mot « routine » n’est pas employé souvent!
Lorsque le projet était en planification, les ingénieurs biomédicaux ont planifié la gestion du cycle de vie de l’équipement. Nous avons eu à recueillir les besoins de l’ensemble des intervenants des directions de l’établissement, faire la vigie de ce qui est disponible sur le marché et réaliser l’analyse des normes afin que les équipements les plus innovants soient déployés de façon sécuritaire. Il a fallu penser à tout pour planifier l’ensemble des équipements qui seront intégrés à l’Hôpital de Vaudreuil-Soulanges.
Notre équipe a établi une liste d’équipements. Nous avons répertorié 1 600 types d’équipements nécessaires au futur Hôpital, dont la moitié représente des équipements médicaux. La liste d’équipements comprend pratiquement tout ce que l’on peut imaginer trouver dans un hôpital, ça va de la chaise de la salle d’attente, au scanneur jusqu’au plus petit scalpel du bloc opératoire!
Et notre travail ne s’est pas arrêté là. Tous les requis techniques ont été identifiés par les ingénieurs, notamment au niveau de l’architecture, l’ingénierie des bâtiments et des technologies de l’information. L’objectif est que les équipements sélectionnés soient bien intégrés aux bâtiments aux bons moments et d’adresser les différents enjeux possibles avant le début de la construction. Par exemple, c’est le rôle de l’ingénieur de s’assurer qu’un équipement qui génère des ondes électromagnétiques ne sera pas installé à proximité d’un autre appareil sensible aux champs électromagnétiques sans que les mesures de sécurité appropriées soient mises en place.
Lorsque le chantier sera entamé, l’équipe d’ingénieurs participera au processus d’acquisition des équipements. Nous aurons à prendre les listes d’équipements établies et à raffiner les besoins avec nos collaborateurs cliniques pour concevoir les devis techniques nécessaires aux appels d’offres.
Une fois les équipements achetés, nous devrons nous assurer que les dessins d’atelier transmis par les fournisseurs correspondent bien aux besoins cliniques. Éventuellement, nous aurons à coordonner la livraison, l’installation et la mise en service des équipements ainsi que les formations du personnel. L’équipe d’ingénieurs va donc accompagner le projet jusqu’à la mise en fonction de l’Hôpital.
Combien d’ingénieurs biomédicaux travaillent à la direction du Projet Hôpital Vaudreuil-Soulanges?
A.B.L. | Nous sommes actuellement quatre ingénieurs biomédicaux au bureau de projet. Nous accueillerons deux stagiaires pour la session d’été. C’est toujours une période hyper stimulante quand de nouvelles ressources se joignent à l’équipe. Souvent, les personnes qui arrivent en poste apportent un nouveau regard et posent beaucoup de questions, cela nous amène à nous dépasser, à rechercher les meilleures pratiques et à penser hors de la boîte.
Qu’est-ce que tu apprécies particulièrement au bureau de projet du futur Hôpital?
A.B.L. | Je suis une personne qui carbure aux défis. C’est hyper stimulant de pouvoir mettre en application mes connaissances dans un contexte d’innovation. Travailler en étroite collaboration avec des professionnels de différents secteurs, comme les conseillers en soins infirmiers, en bâtiment ou en technologies de l’information, est aussi enrichissant et permet d’user davantage de créativité. D’autant plus que, comme on bâtit quelque chose de nouveau, on n’a pas à composer avec les mêmes contraintes que celles d’un bâtiment existant et on a plus de latitude pour innover en lien avec les meilleures pratiques. Finalement, travailler au bureau de projet me tient à cœur parce que je suis consciente que la communauté va bénéficier de l’arrivée de cette nouvelle infrastructure.
À cette question, les membres de notre équipe nous ont aussi dit…
« Ce qui me tient particulièrement à cœur dans mon travail, c’est la collaboration avec les intervenants cliniques. L’ingénieur biomédical doit toujours être en mode prévention pour fournir des solutions innovantes et sécuritaires pour répondre aux besoins des unités cliniques », Karim Shehata, ing.
« J’ai toujours été fasciné par les technologies utilisées avec les équipements médicaux. Dans les projets d’implantation, les ingénieurs biomédicaux doivent presque toujours étudier ces technologies et se tenir au courant des nouveautés. Non seulement le travail est très stimulant, mais il permet d’avoir un impact sur la santé des patients », André D’Auteuil, ing.
« J’ai la chance de travailler dans un contexte de gestion de projet axée sur l’innovation et la diversité. J’apprécie tout particulièrement pouvoir échanger avec mes collègues qui ont chacun un bagage professionnel différent et en quelque sorte complémentaire. Ensemble, nous travaillons dans un climat empreint de confiance et de transparence », Khadidja Louahab, ing.
Quel est le parcours académique pour devenir ingénieur biomédical?
A.B.L. | Il y a plusieurs façons d’accéder à la profession. Certaines universités offrent maintenant un baccalauréat en génie biomédical ou certains cours de génie appliqués au secteur de la santé. Les étudiants peuvent aussi choisir de faire une formation dans une autre branche du génie, puis d’aller chercher des connaissances spécifiques en faisant une maîtrise en génie biomédical par exemple.
Le fait que chacun puisse choisir son parcours académique en fonction de ses forces et ses intérêts est vraiment enrichissant. Cela crée une forme d’interdisciplinarité dans la pratique de la profession, favorise les échanges et la réflexion entourant les enjeux que l’on peut rencontrer dans le cadre du travail.
Quelles aptitudes sont nécessaires pour exercer ce métier?
A.B.L. | Il faut avoir un sens de l’innovation et rester à l’affût des nouveautés technologiques. Ça prend un sens de la collaboration et une bonne capacité à travailler en équipe. L’ingénieur biomédical agit bien souvent comme courroie de transmission d’informations, il doit être en mesure de bien vulgariser l’information et de rendre le tout compréhensible pour les professionnels de différents secteurs. Par exemple, l’ingénieur biomédical doit s’assurer qu’un équipement médical est bien conçu sur le plan technique pour répondre à un besoin clinique. Dans le cadre d’un projet de construction, il peut alors agir comme intermédiaire entre les équipes de conception du bâtiment, qui peuvent être composées d’architectes et d’ingénieurs, et les équipes cliniques et médicales.
L’ingénieur biomédical doit également faire preuve de rigueur et avoir des aptitudes en gestion de projet. Une bonne capacité analytique et une aptitude développée en résolution de problèmes sont essentielles.